Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour une petite chronique concernant le dernier livre de David Foenkinos : Vers la beauté.
Personnellement, j’aime beaucoup cet auteur, même qu’il est passé maître dans l’art de répandre dans ma mémoire des petites citations pleines d’humour. Je ne peux résister à l’envie de vous en écrire une, vite fait : “Comment faites-vous pour porter ces chaussures ? Vos orteils sont comme dans un goulag. C’est une honte, vous êtes la Staline de vos pieds”. C’est exactement ce que je me dis lorsque je croise quelqu’un qui arbore fièrement sa paire de Fila Disrupter roses fabriquées au Bengladesh ! Bref, je fais essayer de faire concis, surtout que j’ai reçu un gentil mail d’une dame, qui en plus de me proposer ses services d’agent, m’expliquait que si je voulais plus de traffic sur le blog, il fallait que je cause de sujets fondamentalement plus intéressants : les huiles de massage aphrodisiaques bio à l’aloe vera par exemple. Elle m’a aussi informé que pour le référencement, je devais écrire des titres courts avec des mots-clés catchy (genre massage sensuel du samedi soir en feuilles de ginkgo). Je n’ai pas répondu car, certes, ce blog, c’est un peu le désert de gobi mais moi, j’aime bien écrire des textes longs qui ne servent à rien et parler de guacamole. Ceci étant dit, nous pouvons de nouveau nous tourner vers la beauté !
Antoine Duris est un professeur reconnu aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il plaque tout sans laisser d’adresse pour devenir gardien au Musée d’Orsay et pouvoir contempler longuement le portrait de Jeanne Hébuterne, la muse de Modigliani (petite information qui vous sera bien utile lorsque vous serez plongé dans l’intrigue, au moins aussi épaisse que les doubitchous !).
Camille est une lycéenne solitaire et dotée d’une grande sensibilité artistique, ce qui l’éloigne de la légèreté des adolescentes de son âge. Lorsqu’elle s’initie à la peinture, elle trouve sa voie et se révèle à elle-même. Et puis, survient le drame qui va faire basculer sa vie…
Vous l’aurez compris, Vers la beauté est construit en deux temps : Antoine fait partie du présent et Camille appartient au passé. La lumière sur le rapport entre les deux protagonistes ne se fera qu’au dénouement, si bien qu’en plus du roman contemporain, on retrouve certains codes propres au thriller.
Ce que j’ai aimé dans Vers la beauté
L’idée de base m’a vraiment séduite, deux êtres cabossés qui tentent de s’en sortir par la contemplation de la beauté : c’est très joli. Et on ne va pas revenir sur l’épatant (et de surcroît anthume !) David Foenkinos, ses tournures de phrases raffinées, son talent de conteur, ses-mots-qui-sont-aussi-toujours-beaux-que-le coucher-du-soleil-sur-Mars…
Ce que j’ai moins aimé
Je n’ai pas retrouvé l’univers virevoltant de La Délicatesse, ni la sincérité et l’implication dont avait fait preuve l’auteur dans Charlotte. Voui, la première partie de Vers la beauté est plutôt enlevée, mais il m’a manqué l’humour et l’implication de David Foenkinos. Et voui, la seconde partie amène un peu d’émotions, mais, à mon goût, c’est parfois poussif et convenu.
J’aurais aimé que le décor s’anime et que l’auteur s’embrase davantage. Mais peut-être que cette retenue est due à la gravité du sujet et que David Foenkinos a préféré rester en retrait et en retenu ? Sais pas, mais personnellement, je l’ai trouvé trop en surface.
Et Vers la Beauté en bref alors ?
Honnêtement, si je n’avais jamais lu David Foenkinos auparavant, j’aurais écrit : ravissement, allégresse, charme, finesse et autres synonymes. Ben voui, forcément, c’est un peu comme si on contemplait l’Apollon du Belvédère et qu’on y voyait une petite bedaine: ce ne serait pas si grave et on se dirait il est magnifique, mais quand même, il devrait se mettre aux gainages. Bref, selon moi, c’est un livre chouette, mais un petit moins que les précédents parce qu’il présente un petit défaut : l’implication moins évidente de l’auteur à travers les lignes.
Du coup, je vous quitte en me disant que j’irais bien à Rome pour toucher le ventre d’Apollon, n’hésitez surtout pas à créer une campagne de crowdfunding pour m’offrir le voyage !
P.S. : j’ai écouté ce livre sur Audible, pour plus d’infos, c’est par ici
Et pour acheter le livre, c’est là
Editions Gallimard – 224 pages – 19 euros